Qu'est-ce que des microservices ?
Les microservices sont une architecture qui consiste à décomposer une application monolithique en une collection de services indépendants, chacun étant responsable d’une fonctionnalité spécifique. Cela permet de rendre les applications plus modulaires, scalables, et plus faciles à maintenir. Dans le contexte de MLOps, l’architecture de microservices est très utile pour déployer et gérer des modèles de Machine Learning (ML) en production de manière flexible et efficace.
Dans cet objectif d’apprentissage, nous allons explorer comment composer des solutions qui utilisent des microservices, en particulier pour l’intégration avec des workflows de Machine Learning.
1. Qu’est-ce qu’une architecture de microservices ?
L’architecture de microservices consiste à diviser une application en plusieurs petits services indépendants. Ces services communiquent entre eux via des API légères (généralement des API REST ou gRPC), et chaque service peut être développé, déployé, et mis à jour de manière autonome.
- Services indépendants : Chaque microservice est une unité de fonction autonome, comme l’entraînement d’un modèle, la gestion des données, ou l’inférence du modèle.
- Isolation des services : Si un microservice échoue, cela n’affecte pas les autres services. Cela assure une meilleure robustesse de l’application.
- Scalabilité granulaire : Chaque microservice peut être mis à l’échelle indépendamment, en fonction des besoins de charge.
Avantages d’une architecture de microservices :
- Flexibilité de déploiement : Les microservices permettent de déployer des composants ML individuellement.
- Facilité de maintenance : Les équipes peuvent se concentrer sur des parties spécifiques sans impacter tout le système.
- Optimisation des ressources : Chaque microservice peut être dimensionné indépendamment en fonction de ses besoins en ressources (CPU, GPU, RAM).
- Réutilisation : Des microservices spécifiques peuvent être réutilisés dans plusieurs applications.
2. Comment utiliser des microservices dans un pipeline MLOps ?
L’architecture de microservices s’intègre parfaitement dans les workflows MLOps, notamment pour la gestion et le déploiement des modèles ML en production. Voici comment composer une solution MLOps basée sur des microservices.
a) Déploiement de modèles ML via des microservices
Les modèles de Machine Learning peuvent être encapsulés dans des microservices, ce qui permet une gestion flexible et un déploiement en continu.
- Service de prédiction (inférence) : Un microservice dédié à la prédiction peut être créé pour exposer les modèles via une API REST ou gRPC. Ce service reçoit les requêtes des utilisateurs ou d’autres services, passe les données en entrée au modèle, et renvoie les prédictions.
- Service d’entraînement de modèles : Un microservice distinct peut être utilisé pour gérer l’entraînement des modèles. Ce service peut récupérer les données, exécuter l’entraînement, et stocker les modèles entraînés dans un système de gestion de modèles.
b) Isolation des pipelines ML
- Traitement des données : Un microservice dédié au prétraitement des données peut nettoyer, transformer, et préparer les données avant qu’elles ne soient utilisées pour entraîner ou inférer un modèle.
- Versionnage des modèles : Un autre microservice peut être chargé du stockage et de la gestion des différentes versions des modèles, permettant de contrôler quelles versions sont déployées en production.
- Surveillance et gestion des modèles : Un microservice peut surveiller les performances des modèles en production et déclencher un réentraînement ou une mise à jour lorsque nécessaire (basé sur la dérive des données ou des modèles).
Exemple de composition de solution MLOps avec microservices :
- Service de prétraitement : Prend les données brutes et les transforme.
- Service d’entraînement : Entraîne le modèle avec les données prétraitées.
- Service de gestion de modèles : Gère le stockage, la version et la récupération des modèles.
- Service d’inférence : Expose le modèle pour faire des prédictions via une API.
3. Utiliser Docker et Kubernetes pour orchestrer des microservices
Dans le cadre d’une solution microservices, Docker et Kubernetes jouent un rôle crucial pour la conteneurisation et l’orchestration.
a) Docker pour la conteneurisation
Chaque microservice peut être empaqueté dans un conteneur Docker. Cela permet d’encapsuler le code, les dépendances, et les configurations spécifiques à chaque service, garantissant ainsi que tous les services fonctionnent de manière cohérente, quelle que soit l’infrastructure.
- Isolation : Chaque microservice fonctionne dans son propre conteneur, offrant une isolation complète des environnements.
- Reproductibilité : Avec Docker, vous pouvez garantir que le microservice fonctionne de manière identique sur votre machine locale, dans des environnements de développement ou de production.
b) Kubernetes pour l’orchestration
Kubernetes est une plateforme d’orchestration de conteneurs qui aide à gérer et à mettre à l’échelle les microservices déployés via Docker.
- Automatisation du déploiement : Kubernetes automatise le déploiement des conteneurs, permettant de déployer rapidement et de gérer plusieurs versions d’un microservice.
- Mise à l’échelle automatique : Chaque microservice peut être mis à l’échelle de manière indépendante en fonction des besoins en calcul, notamment pour les charges lourdes comme l’inférence des modèles ML.
- Gestion de la tolérance aux pannes : Kubernetes surveille la santé des conteneurs et redémarre automatiquement les microservices défectueux.
4. Communication entre microservices dans MLOps
Les microservices communiquent généralement via des API RESTful ou gRPC. Voici comment assurer une communication fluide dans une solution MLOps basée sur des microservices.
a) API RESTful
L’API REST est un protocole léger qui utilise HTTP pour permettre aux microservices de communiquer entre eux. Il est particulièrement utile pour exposer des services comme l’inférence des modèles.
b) gRPC
gRPC est un protocole de communication qui repose sur HTTP/2 et offre une communication plus rapide et plus efficace que REST, notamment pour les services nécessitant des communications à faible latence.
c) Message Brokers
Dans certains cas, les microservices peuvent communiquer de manière asynchrone en utilisant des brokers de messages comme Kafka ou RabbitMQ. Cela est particulièrement utile pour les tâches lourdes comme le traitement par lot ou l’entraînement de modèles, où les microservices ne doivent pas nécessairement attendre une réponse immédiate.
5. Gestion des données et des modèles avec des microservices
Dans une architecture de microservices, il est crucial de gérer efficacement les données et les modèles. Voici quelques approches courantes pour composer une solution MLOps centrée sur ces aspects.
a) Microservices pour la gestion des données
Chaque service peut être responsable d’une étape spécifique du pipeline de données :
- Ingestion des données : Un microservice dédié peut être chargé de collecter et d’ingérer les données depuis diverses sources (API externes, bases de données).
- Nettoyage et transformation des données : Un autre microservice peut être responsable de la préparation des données pour l’entraînement des modèles ML.
b) Microservices pour la gestion des modèles
Les modèles ML peuvent être versionnés et gérés par un service dédié. Ce service stocke et récupère les modèles à partir de systèmes comme MLflow, DVC, ou un Modèle Registry.
- Enregistrement et récupération des modèles : Les microservices qui utilisent les modèles (pour l’inférence) peuvent interagir avec ce service pour récupérer les bonnes versions des modèles.
- Surveillance et mise à jour des modèles : Si un modèle doit être réentraîné ou mis à jour, le service de gestion des modèles déclenche cette action et assure la mise à jour continue en production.
6. Cas d’utilisation d’une architecture de microservices pour MLOps
a) Déploiement d’un système de recommandation
Dans un pipeline de recommandation, l’architecture de microservices peut être utilisée de manière à diviser les différentes étapes du workflow.
- Microservice de collecte de données : Récupère les données des utilisateurs (clics, achats, etc.).
- Microservice de traitement de données : Nettoie et transforme ces données.
- Microservice d’entraînement de modèles : Entraîne le modèle de recommandation avec les données nettoyées.
- Microservice d’inférence : Fournit des recommandations en temps réel aux utilisateurs finaux via une API RESTful.
b) Surveillance des dérives de modèles
Un autre cas d’utilisation commun est la surveillance de la performance des modèles en production.
- Microservice de surveillance des modèles : Ce service peut surveiller la qualité des prédictions du modèle en analysant les données en temps réel.
- Microservice de gestion des alertes : Lorsqu’une dérive est détectée (data drift ou model drift), ce service déclenche une alerte ou lance un processus de réentraînement.
7. Bonnes pratiques pour composer des solutions avec des microservices
- Granularité des services : Assurez-vous que chaque microservice est responsable d’une fonctionnalité bien définie. Cela
améliore la maintenance et facilite les mises à jour.
- Surveillance et traçabilité : Utilisez des outils comme Prometheus et Jaeger pour surveiller la santé et les performances de chaque microservice.
- Gestion des erreurs : Implémentez des stratégies de gestion des erreurs, comme les circuit breakers ou les retries pour assurer la robustesse des microservices.
Conclusion
Composer des solutions MLOps avec des microservices permet une flexibilité, une évolutivité, et une résilience accrues. Chaque microservice peut être géré, déployé, et mis à l’échelle indépendamment, ce qui simplifie le développement et la maintenance des pipelines de Machine Learning en production. Grâce à Docker, Kubernetes, et des API légères comme REST ou gRPC, cette approche permet de structurer des workflows ML robustes et scalables pour répondre aux besoins des entreprises modernes.